Préambule... Ceci est un goût de l'aventure
Je n'avais encore jamais exploré réellement cette facette de moi au-delà de la simple randonnée à la journée ou demi-journée. Le bivouac est donc la grande première fois de mon été 2023.
Tout a commencé il y a 3 ans en découvrant le podcast "Les baladeurs" qui, en plein confinement, me donnait un goût d'ailleurs et venait titiller mon amour pour l'aventure.
De podcast en podcast, de récits en récits, d'aventurier en aventurier, l'aventure en pleine nature est devenue évidente. Je voulais, à mon tour et à mon petit niveau, vivre une parenthèse grandeur nature.
Puis, Les Others ont eu l’idée géniale, juste avant cet été héhé, d’éditer un guide "L’aventure en train de nuit". En feuilletant ce guide, je suis tombée sur la randonnée "Saute frontière sur la côte basque, Hendaye > San Sebastián", niveau facile, réalisable en 2 jours. Sans me poser trop de questions, l’envie et l'appel de la nature étant plus fortes, cette randonnée en bivouac correspondait exactement à ce que je cherchais pour une première expérience !
Tout un nouveau monde s’est alors ouvert à moi... je me suis plongée dans des lectures de blogs sur le bivouac, ses usages, ses pratiques, les subtilités entre camping sauvage et bivouac, j'ai exploré également les récits d’aventure et surtout LE point non négociable, je me suis documentée sur l'art de faire son sac de randonnée, oui c'est tout un art, ça relève d'une certaine prouesse de voyager léger, cela peut tellement impacter la qualité de la rando, sa marche, sa fatigue...
Avec toutes ces info en tête, il était temps d’étudier précisément le tracé que nous allions emprunter avec ma meilleure amie.
Je vous propose un petit récap sous la forme d'un journal de bord de notre aventure avec des variantes du tracé proposé car, sur ces sentiers-là, il y a tellement de possibilités…
Jour 1 : Irún > mont Jaizkibel / 17,2 km
1. Quitter la ville vers la nature
14h. Point de départ pour nous, la gare d’Irún "Estación Kalea" / Direction le Cap Higuer, via Hondarribia
Cette première portion permet de quitter la ville, les routes bitumées, la circulation ; je ne vous cache pas que nous étions impatientes d'arriver sur un sentier de randonnée. Le départ en zone urbanisée est une forme de mise en marche et une transition vers la nature, notamment le long d’une corniche surplombant la baie de Hondarribia, la ville d’Hendaye et les massifs du pays basque, notamment au loin, nous pouvions apercevoir La Rhune.
Le Cap Higuer ou Cap Figuier est la partie la plus orientale de la mer Cantabrique, depuis laquelle se dresse un phare sur une côte très découpée aux eaux turquoises.
> 9,1 km / 2h55
2. Entrer dans la nature
17h. Direction le sanctuaire de Guadalupe, juste avant l’ascension du mont Jaizkibel.
Un début de sentier principalement sous les bois puis une route de montagne, avec un peu de circulation en fin de journée, mènent au Sanctuaire de la Vierge de Guadalupe. On continue à prendre de la hauteur avec toujours cette vue incroyable sur la baie de Txingudi (Hendaye – Hondarribia) et l’embouchure de la Bidassoa marquant la zone transfrontalière France / Espagne. Amateurs de beaux panoramas, cette rando promet des décors à couper le souffle.
> 4,8 km / 1h
3. Le sentier des crêtes
19h. Direction Jaizkibel pour y passer la nuit
Là, les choses se corsent un peu. Nous sommes au pied d'un sentier extrêmement pentu fait de rochers. Le début de cette ascension fut donc rude et sportive mais en haut de cette première montée (sans doute la plus ardue de la randonnée), quel n’a pas été notre cadeau avec cette vue imprenable de part et d’autre des flancs de la Sierra de Jaizkibel, l’océan Atlantique d’un côté et la baie de Txingudi de l’autre côté. Tout en cheminant sur la ligne de crête entre les pâturages, nous croisons chevaux sauvages, moutons, vaches en estive. Le timing était parfait pour cette fin de journée, juste à l'heure pour se poser et profiter d'un couché de soleil incroyable sur ce paysage à 360° !
Sur ce sentier de crête, les vestiges de tours datant du XIXè siècle et les ruines du château de San Enrique témoignent de la position stratégique de cette Sierra de Jaizkibel dans le passé.
Nous sommes à une altitude de 545 mètres.
> 3,3 km / 45 minutes
4. Une nuit rêvée
Cette première expérience d’une nuit en pleine nature fut incroyable. Je m’étais préparée psychologiquement à une ou des rencontre(s) nocturne(s), j’ai lu aussi différents articles sur le sujet mais la réalité a surpassé tout ce que je m’étais imaginé. Et là, j'étais très heureuse de ne pas être seule en bivouac ;)
Avant toute chose, il est important de savoir que les autorités espagnoles interdisent de bivouaquer sous abri, on oublie tout de suite l’idée de planter sa tente et on se prépare à passer une nuit à la belle étoile !
Le soleil couché, une brume épaisse envahit la montagne et laisse la nuit s'installer progressivement, il a donc fallu réfléchir au bon endroit pour passer la nuit, en dehors des espaces de pâturages. Une fois notre spot trouvé, après quelques tergiversations, nous nous endormons paisiblement dans cette brume d’altitude, laissant apparaître parfois sous un léger voile les étoiles.
La nuit fut courte mais épique et onirique.
Deux chevaux sauvages, l’un d’une robe caramel, l’autre blanche, sont venus me réveiller par un léger coup de sabot dans le dos en pleine nuit. Après une frayeur de ma part (je suis très loin d'être à l'aise en compagnie d'un cheval), et très certainement un étonnement de leur part, ils se sont allongés à 1 mètre de nous pour passer la nuit à nos côtés dans ce brouillard d’altitude enveloppant cette nuit. La scène était étonnante, voire surréaliste, comme toute droite sortie d’un rêve ou d’un conte, les mots me manquent pour décrire avec justesse cette nuit-là. Les couleurs de la journée s’étaient effacées pour faire apparaître une vision en nuances de gris avec ce voile de brume. Tous les ingrédients étaient là pour faire de ce moment, une rencontre unique à jamais gravée dans notre mémoire.
Au petit matin, nos deux compagnons étaient toujours là, près de nous, à brouter ça et là, puis ils ont rejoint le troupeau dans la prairie d’à côté.
Jour 2 : Jaizkibel > San Sebastián / 14,6 km
1. Dans la brume
9h. Sierra de Jaizkibel
Nous poursuivons notre route en laissant derrière nous ces chevaux. Le cheminement se poursuit sur le sentier des crêtes, nous continuons notre ascension dans une brume épaisse, en ce début de journée. Nous sommes dans du coton, et tâtonnons parfois pour bien se repérer. La vue n’étant pas dégagée, un autre sens prend le relai, celui de l’ouïe. On entend autour de nous les cloches des mouton dans les pâturages environnants. Une véritable impression d'être seules au monde. Bonheur total.
Le sentier entame doucement sa descente vers la vallée, entre bruyères, thyms et fougères.
2. Le Ria de Pasaia
Cette descente se fait tranquillement dans des sous-bois à flanc de montagne vers Lezo, première commune de l’autre côté de la Sierra de Jaizkibel. Retour à l’urbanisation, on laisse les sentiers de randonnée derrière nous pour des surfaces plus goudronnées. Les jolies petites villes basques se succèdent jusqu’à San Sebastián : Lezo puis Pasaia. Nous longeons la zone portuaire qui accueille l’activité portuaire industrielle de San Sebastián et nous nous dirigeons vers le Ria de Pasaia.
Pasaia est nichée entre deux montagnes (Ulia et Jaizkibel) et abritée dans un ria (aber en Bretagne ou fjord en Norvège) qui sépare les quartiers de la ville, on tombe instantanément sous le charme : maisons colorées, architecture, site naturel. Effet waouh garanti ! Victor Hugo lui-même y a séjourné.
Dans cette dernière ligne droite de notre randonnée, nous ne sommes plus qu’à une dizaine de kilomètres de San Sebastián. Nous empruntons, depuis le port de pêche, le bac qui nous mène de la rive du quartier San Juan à l’autre rive, quartier San Pedro.
> 8,4 km / 4h03
3. D'une baie à une autre, San Sebastián
14h. Direction la baie de la Concha
Nous quittons le charme de Pasaia, son port et ses ruelles étroites aux maisons colorées pour nous engager dans une zone plus urbanisée à l’entrée de San Sebastián. Sur ce dernier tronçon, nous avons hâte d’arriver à destination pour savourer pleinement ces 2 jours de randonnée grandioses qui nous amènent dans la baie de la Concha et profiter de San Sebastián, Donostia, le vieux quartier, la cerveza et les pintxos bien mérités !
Le couché de soleil sur la baie de la Concha était magique, comme une sensation d'accomplissement en déroulant dans nos têtes ces 2 jours d'itinérance.
> 6,2 km / 2h04
Épilogue
Pour terminer ce récit et cette aventure à faire du saute frontière en terre basque, nous repartons en train depuis la gare de Gros, près de Donostia. Un train transfrontalier de la Renfe, 7 stations plus loin, 35 minutes de trajet plus tard, nous voilà arrivées à notre point de départ, la gare d’Irún avec, en tête, ces magnifiques paysages, cette nuit magique en bivouac, notre soirée dans la baie de la Concha à San Sebastián.
Cette randonnée en itinérance :
2 jours de la baie de la Txingudi à celle de la Concha
1 nuit en bivouac, à la belle étoile, dans la Sierra de Jaizkibel
31 km
une boucle incroyable depuis la gare d'Irún
une aventure en pleine nature et grandeur nature
une succession de paysages à couper le souffle
une nuit mémorable aux côtés de chevaux sauvages
le bonheur d'explorer un peu plus un pays basque haut en couleurs et saveurs
la furieuse envie d’explorer d’autres sentiers de ce pays basque, et ailleurs...
un dépassement de soi
la concrétisation de ce goût pour l’aventure
En bonus, voici mon tracé à télécharger :)
Merci Nath pour cette nouvelle aventure partagée et pleine de rebondissement comme à chaque fois !
Merci à la formidable équipe Les Others pour éditer de fabuleux outils pour vivre ses propres aventures et récits de voyage en pleine nature, et leur podcast Les baladeurs qui accompagnent mes journées, mes soirées et mes déplacements.
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