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Photo du rédacteurLa rosée sauvage

Expo. Cabinet de curiosité, Nos Années Sauvages

Dernière mise à jour : 28 déc. 2021

Je suis très heureuse d’accueillir le collectif rouennais Nos Années Sauvages pour leur première exposition angevine.

Une première rencontre, avant l’été, et déjà un échange très riche et une démarche, mutuelle, engagée dans la sensibilisation et la protection de nos éco-systèmes fragiles, sensibles, cette exposition s’est donc imposée comme une évidence. Sylvain Wavrant est plasticien/designer et Coline Jourdan est photographe. Tous deux sont membres actifs du collectif Nos Années Sauvages.

Tout au long du mois d’octobre, nous vous proposons une sélection d’oeuvres présentant leurs démarches et leurs engagements respectifs sous la forme d’un cabinet de curiosités de l’animal et du végétal. Une manière aussi de représenter l’invisible.

(Chacune des taxidermies présentée sont réalisées à partir d’animaux accidentés trouvés sur le bord de la route - les collisions sont la première cause de mortalité de la faune sauvage.)


Nos Années Sauvages (Instagram l www.nos-annees-sauvages.com)

Né sous l’impulsion de Thomas Cartron et Sylvain Wavrant, Nos Années Sauvages est un outil de création et de diffusion artistiques implanté en Normandie. Chacun des projets et des artistes soutenus par l’association porte en lui des liens particuliers avec des thématiques animales et environnementales. Le sauvage est un geste, une marche vers notre avenir, dans nos villes, nos régions. Nous sommes une meute en quête d’aventures, de territoires. Nos Années Sauvages s’engage depuis maintenant 9 ans afin de décloisonner les disciplines à travers des projets manifestes, des expositions, des spectacles, des projections, des publications, des actions culturelles et pédagogiques et l’accompagnement / structuration des artistes du territoire.


Sylvain WAVRANT / Plasticien - Designer

Diplômé de l’École Supérieure des arts appliqués Duperré et L’École européenne supérieure d’art de Bretagne à Rennes et originaire de la Sologne, j’ai grandi auprès des trophées de chasses et autres curiosités. J’y ai également développé une réelle fascination pour l’animal sauvage et le monde naturel rencontré quotidiennement. Je suis, depuis de nombreuses années maintenant, un citadin qui constate l’absence du règne animal dans la ville et son extrême fragilité dans la nature. Des questionnements sur le sens à attribuer à cette absence s’en sont alors suivis : sur la part faite au règne animal et au végétal à travers le temps, sur nos désirs et nos peurs, sur le miroir que cela nous propose.

Il n’est pas une époque où des rapprochements ne soient pas faits à la nature, évoquant une force (dans la mythologie égyptienne et gréco-latine par exemple) ou encore des traits de caractère (comme ceux dépeints par La Bruyère ou La Fontaine). Ils racontent une identification pleine ou mesurée, admirative ou railleuse et posent, à travers le temps, non plus seulement un rapport à l’animal et au végétal, mais un rapport à l’autre, un rapport à soi.

« L’acceptation de l’âme animale est la condition de l’unification de l’individu, et de la plénitude de son épanouissement » nous dit le psychanalyste Karl Gustav Jung. Si loin, si proches, que sont-ils vraiment ? Des semblables, des frères ? Les miroirs grossissants de nos envies ou de nos peurs  ? Quelle présence dans nos vies, quelles valeurs symboliques, esthétiques ou encore morales leur sont-elles réservées dans notre société ? Ce sont ces questionnements qui nourrissent mon travail et mes recherches. Et loin de proposer des réponses, je tends à inviter le spectateur à m’accompagner dans ce questionnement.

Ma pratique artistique est étroitement liée à la taxidermie, à la sculpture, au design de mode et à l’installation. C’est à travers un procédé de récupération et de transformation d’animaux trouvés sur les bords de nos routes, de matériaux naturels et de récupération que je développe chacun de mes projets. Avec la réactivation de ces matières, j’expose la cohabitation de ce qui nous fait hommes et femmes : nos fascinations et répulsions, notre soumission ou rébellion à une morale établie. À travers mes créations, je convoque l’animal et parfois le végétal pour dévoiler aux hommes notre vanité et notre responsabilité quotidienne et collective. Je tente de provoquer une identification partielle face à nos voisins mis en péril par notre système de consommation et l’extension de nos territoires. S’identifier à l’animal et plus largement à la nature est pour moi une réelle nécessité, pour la préserver et par extension parler de notre propre survie.


Coline JOURDAN / Photographe plasticienne

Coline Jourdan est photographe plasticienne née en 1993 à Lyon. En 2012, elle entre à l’École Nationale Supérieure d’Art et de Design de Dijon où elle obtient en 2015, le diplôme National d’Arts Plastiques avec les félicitations du jury, puis le diplôme National Supérieur d’Expression Plastique avec mention en 2017.

En 2018, elle intègre Nos Années Sauvages, un collectif rouennais de jeunes artistes partageant une inquiétude commune face aux mutations de l’environnement dont les projets pluridisciplinaires interrogent une vision biaisée, manipulée et altérée de l’animal et de la nature. La même année, elle devient lauréate du Prix d’Impression Photographique des Ateliers Vortex qui lui permettra d’exposer au Musée Nicéphore Niepce à Chalon-sur-Saône. En 2019, elle est parmi les lauréats de la Bourse Impulsion de la ville de Rouen qui lui permettra de réaliser la série Les noirceurs du fleuve rouge qui sera sélectionnée pour le Prix Nouvelles écritures de la photographie environnementale du Festival Photo La Gacilly. En 2020, elle est sélectionnée pour la résidence 1+2, photographie et science, à Toulouse où elle débutera sa série photographique Soulever la poussière, pour laquelle elle recevra le Soutien à la photographie documentaire contemporaine du CNAP en 2021.


Mon travail articule les questions de la perception et de la représentation du toxique à celle de sa relation avec la matière, l’espace et l’image. Mes projets photographiques engagent une réflexion sur sa présence dans notre environnement quotidien et sur ses impacts souvent imperceptibles. Si la toxicité ne se voit généralement pas, si le danger qu’elle représente est souvent l’objet d’un déni, l’art peut alors se présenter comme un moyen de la représenter, de la rendre sensible, d’y sensibiliser.

Engagée pour la défense de l’environnement, je prends toutefois soin d’aborder la question sans tomber dans certains lieux communs de l’écologie. J’entretiens en effet une relation ambiguë à mon sujet, placée entre inquiétude face aux mutations de l’environnement dues à l’anthropocène et fascination pour les transformations d’ordre plastique que la chimie opère. Avant que je ne prenne conscience des troubles écologiques de notre monde, j’ai en effet été fascinée par les mécanismes de révélation de la photographie, par l’image de ces naissances artificielles, issues de réactions chimiques. La chimie m’est ensuite apparue comme un pharmakhon : un poison destructeur contenant en lui-même les moyens d’une remédiation, d’une transformation positive de la matière.

Mon projet photographique comporte une part d’expérimentation formelle. Je me livre ainsi à différentes manipulations qui troublent la surface de la photographie afin de créer des espaces d’expériences visuelles. Ce qui est représenté y est altéré, le mimétisme et le réalisme photographiques sont à la fois concrètement endommagés et théoriquement remis en question.

Mon choix de me confronter au toxique, plutôt que de l’éviter ou de le critiquer de l’extérieur, se concrétise également par un travail de terrain. Me rendant sur des lieux contaminés, j’en retravaille ensuite les images pour modifier la perception que l’on peut en avoir. Ce trouble jeté dans l’économie des représentations me permet d’interroger la « vision » des hommes sur leur environnement, au double sens du terme, d’occuper l’interstice qui sépare l’espace physique de celui de la représentation mentale.

Réactivant les codes de l’imagerie romantique comme ceux du réalisme documentaire, j’en subvertis enfin les effets propres dans un corps-à-corps poétique, qui interroge une vision biaisée, manipulée et altérée du monde et de la nature.

Coline Jourdan & Florian Gaité


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